Photos et illustrations : Agrilansdcape - Fabian Feraux
Le pâturage tournant dynamique est une méthode d'élevage du bétail qui offre de nombreux avantages, tant pour les animaux que pour les prairies.
Cette approche consiste à diviser les pâturages en plusieurs petites parcelles resserrées autour d’un groupe d’animaux et à déplacer régulièrement le bétail d'une parcelle à une autre.
Le principe du « PTD »
Dans la nature, les ruminants se déplacent continuellement. Chacun a déjà vu ces images magnifiques d’immenses troupeaux de bisons qui courent dans les plaines de l’Amérique. En réalité, dans les pratiques conventionnelles, nous parquons les bêtes dans une zone qui nous permet de ne plus nous en occuper pendant la plus longue période possible.
Cette pratique répandue a (au moins) deux inconvénients :
Il y a un risque de sur-pâturage et un sur-tassement du sol, avec une trop grande quantité de déjections par surface — bref, c’est trop
Les bêtes choisissent les herbes les plus grasses et celles qui leur plaisent le plus, délaissant les parties qui ne leur conviennent pas. Ce qui crée de nombreux espaces de refus (des végétaux non broutés).
Le PTD propose de reproduire autant que possible le déplacement naturel des animaux, en leur proposant une surface petite, mais fraîche, dans laquelle ils broutent de manière très intensive, avec peu ou pas de refus.
Le troupeau évolue pendant quelques jours à peine (2-3, parfois 5 selon la saison) sur une zone très restreinte, et l’on ouvre ensuite la partie suivante, puis la suivante, etc.
On peut combiner ces rotations intensives avec le passage d’autres animaux qui complèteront le travail des premiers (cela sera étudié dans un autre article).
En bref, le PTD repose sur :
la rotation rapide et intensive des animaux entre différentes parcelles
la régénération saine des pâturages par l’alternance des périodes de broutage et de repos
la division des parcelles en fonction de la taille du troupeau qui sont déplacés régulièrement
Avantages pour la santé des pâturages
Cette pratique favorise la santé des sols de plusieurs manières. En limitant le temps de pâturage, on permet aux plantes de se régénérer et de reconstituer vu leurs réserves de nutriments, donc une croissance plus saine et une meilleure qualité de l'herbe pour le bétail. En évitant une utilisation excessive d'une seule zone, on réduit l'érosion et la compaction, préservant ainsi la structure et la fertilité du sol.
Amélioration de la productivité du bétail
En se déplaçant fréquemment, les animaux ont accès à des pâturages de meilleure qualité et plus nutritifs. Cela se traduit par une amélioration de la santé animale, une meilleure croissance et une production laitière ou de viande plus élevée.
Limitation des risques sanitaires
En fournissant un environnement plus sain et moins stressant, le PTD réduit les problèmes de parasites et de maladies chez le bétail, qui ne « marine pas dans son jus » pendant des jours voire des semaines.
Gestion plus efficace des ressources
Puisque nous gérons l'accès des animaux aux différentes parcelles, on évite le gaspillage de nourriture et la surpâturage. Cette alternance des périodes de pâturage et de repos optimise la croissance de l'herbe et assure un approvisionnement régulier en alimentation.
En hiver, nous préconisons une stabulation de plein air pour les animaux suffisamment rustiques, comme les Galloway du Mont Lassy (voir le projet ici). Notre truc, c’est de garantir une couche de mulch (comme du broyat), très épaisse, que les bovins vont amender durant toute la basse saison et se composter pour nous donner un formidable substrat pour le maraîchage. Ce qui est aussi un avantage des fermes conçues en polyculture et élevage quand y on associe les fonctions-clés.
Soutien à la durabilité environnementale
L'agriculture régénérative grâce aux ruminants peut sembler contre-intuitive : on pense souvent que l'élevage a un impact négatif sur l'environnement.
Avec des stratégies et une gestion raisonnée, les ruminants jouent un rôle important dans la régénération de l’environnement.
Les vaches, les moutons et les chèvres, sont essentiels au cycle des éléments nutritifs. Ils consomment de l'herbe et d'autres matières végétales indigestes pour les humains, puis les restituent grâce à leur système complexe de fermentation. Ce processus permet aux nutriments contenus dans les plantes de retourner dans le sol sous forme de fumier, enrichissant ainsi la fertilité du sol et favorisant la croissance des plantes.
Des rotations rapides sont saines pour les animaux et limitent la pression sur l’environnement, en laissant l’opportunité au sol de se reposer, aux plantes de fleurir, et même de proposer une variété de prairies qui éclosent et se diversifient successivement en suivant l’itinéraire des rotations. Cela favorise la diversité biologique et aide à préserver les écosystèmes naturels.
Séquestration optimisée du carbone
Les prairies gérées de cette manière peuvent également jouer un rôle important dans la séquestration du carbone.
Pour rappel, les plantes absorbent le dioxyde de carbone de l'atmosphère par la photosynthèse et le stockent dans leurs racines et leur biomasse. Lorsque les ruminants pâturent rapidement, ils limitent leur impact négatif sur l’herbe et n’y laissent que le positif : stimulation de la croissance des plantes (= absorption accrue de dioxyde de carbone), moins de compactage donc une meilleure infiltration de l’eau pour les racines et de l’air qui circule mieux.
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