Suite aux articles sur le "Slovak Water Tour" (il y en a un ici et un autre aussi ici) et aussi au Replay du webinaire sur le Slovak Water Tour, on me demande régulièrement comment analyser un site pour bien placer sa mare, son abreuvoir, ses ouvrages etc.
L'alchimie entre ces installations étant complexe, nous avons décidé de dégrossir un peu ce dossier en apportant quelques généralités que voici.
Pour en savoir plus, ne traînez pas car il ne reste plus que quelques places pour la formation "Keyline design et hydrologie régénérative" des 9 & 10 janvier 2025
L’eau et sa circulation sont des fondamentaux d’un projet. Il faut bien réfléchir à ce qu’on fait. C’est un élément systémique, qui a des impacts dans tous les domaines. Voici trois critères-clés pour poser des bases durables.
Qui n’a pas rêvé d’implanter au moins une mare sur sa propriété ? Les avantages ne sont plus un secret : un plan d’eau est favorable pour la biodiversité, la productivité, le stockage, l’hydrologie, les micro-climats, etc.
Quand nous disons “mare”, il peut tout aussi bien s’agir de petites bassines dans lesquelles on récolte de l’eau de pluie, qui s’écoule dans la suivante, puis une suivante et ainsi de suite.
Parfois on est obsédé par le fait de placer une mare et on voudrait avancer vite pour voir les libellules, entendre les grenouilles ou tout simplement assurer une réserve stratégique en cas de pépin. Mais il vaut mieux prendre le temps de réfléchir et de bien observer la situation avant de regretter son geste ensuite.
Sachez qu’il existe de nombreux critères pour positionner un bassin, et en voici trois fondamentaux à ne pas rater.
La topographie
Vous ne le répétez à personne, mais j’ai un secret inédit pour vous : l’eau coule vers le bas ! Il est donc très facile de récupérer de l’eau grâce au drainage éventuel, au ruissellement, à une canalisation bien placée.
L’idéal, c’est de placer la mare dans un point-clé, c'est-à-dire une cuvette (parfois imperceptible) où la pente va s’inverser pour devenir de convexe à concave. Les écoulements vont ralentir et stagner à cet endroit. C'est le mieux pour placer un bassin car les ruissellement vont évidemment converger vers cet endroit, de l’amont, mais aussi des flancs des crêtes ou collines qui l’entourent.
C’est aussi un endroit où l’on peut observer fréquemment des résurgences naturelles qui peuvent fournir un flux d’eau intermittent ou continu selon la saison ou le débit.
En règle générale, on ne pourra pas placer une mare très haut sur le site si on souhaite qu’elle récolte un maximum de ruissellement. Mais cela peut être compensé par deux choses :
Le fait d’en placer plusieurs, idéalement reliées entre elles. Vous aurez donc le loisir de pouvoir faire des bassins - tampons qui vont récolter un peu, puis se déverser dans les suivants.
La capacité à remonter l’eau avec une pompe pour faire un bassin en altitude qui permettra de la faire circuler par gravité.
Le sol
Le sol va respirer avec l’eau, son équilibre (frais et cohésif), son absence (sec et craquelé) ou sa surabondance (saturé et trempé). Les trois types de textures vont jouer un rôle dans l’étanchéité :
sable : percolant, impossible à retenir l’eau
limon : cohésif, peut retenir l’eau sous certaines conditions (notamment la présence d’argile)
argiles : retient l’eau s’ils sont humide
Les textures sont rarement uniques, c’est souvent un mélange d’au moins deux des trois qui est présent, même si c’est de manière très disproportionnée. On peut aussi avoir des surprises : un sable fort compact avec une sous-couche argileuse peut s’avérer extrêmement imperméable car l’argile, une fois mouillée, va remplir tous les espaces disponibles et le sable compact aidera à boucher les textures pour arriver à un résultat très étanche, voire compliqué à gérer. Même si le sable est présent dans sa majorité.
Différents types d’argiles sont disponibles, dont certaines argiles blanches locales (en Ardenne par exemple) qui ont un fort pouvoir de colmatage mais sont très lourdes et très dures pour la manutention. Une argile bien connue que l’on vend en vrac ou par rouleaux préparés est la bentonite sodique.
Dans tous les cas, un étang façonné avec de l’argile fonctionnera bien. Attention au perçage éventuel par des animaux comme des ragondins ou des racines volontaires de végétaux, et aussi au séchage excessif en cas de canicule et de trop forte évaporation. En effet, les fissures ainsi créées risquent de ne pas reprendre leur étanchéité initiale.
N’oublions pas qu’un sol … repose sur un sous-sol, une roche mère, et que celle-ci a une influence considérable sur la pénétration de l’eau qui percole dans le sol, sa direction dans la pente et ses résurgences éventuelles.
3. Un plan d’eau n’est jamais seul
Il est toujours connecté à autre chose par ces deux dynamiques :
la concentration pour la collecte
la dispersion de l’excédent
Sachant cela, il “suffit” de jouer avec.
Pour la collecte, nous avons vu la topographie, mais il y a également certaines sources existantes ou à créer (attention c’est réglementé et parfois interdit de remplir un étang par ce biais), la canalisation active (drain, chenal, bief ou bisse etc.) ou passive (keyline, pluie, trop-plein existant, etc.).
Lorsque vous concevez un bassin, celui-ci doit forcément recevoir de l’eau et en donner. N'oubliez pas cette dernière variable. En effet, c’est l’essence même de la dynamique de l'hydrologie régénérative : faire circuler le plus lentement possible car le fluide va alors avoir le temps de pénétrer le plus possible dans le sol et provoquer moins d’érosion possible. La meilleure manière de stocker l’eau reste dans le sol.
Si vous êtes habitué au keyline design, il ne vous aura pas échappé qu’il est également recommandé de faire converger l'eau de mare en mare. Cette dynamique prend tout son sens car c’est de bassin en bassin que l’eau coulera progressivement par un système de trop-pleins qui va également profiter de ce mouvement pour percoler dans la terre entre deux ouvrages.
Pour finir
Il y a bien d'autres choses à dire sur le sujet, ce qui sera probablement exposé dans d’autres articles. Pour l’heure, faites attention tout de même à rester sobre et attentif aux conséquences de votre projet, car une mauvaise évaluation peut parfois dériver de manière catastrophique.
Ne faites pas un plan d’eau “pour faire un plan d’eau”, mais évaluez l’impact écosystémique que cela aura et reliez bien cela à la pluviométrie de votre région. Créer une zone humide a toujours des conséquences en termes d’environnement.
Néanmoins, un bassin ou un système hydrique bien fait aura normalement toujours un effet visuel et esthétique avantageux.
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